01 MOULINS
A EAU


Créé 16/08/09
MAJ 25/05/19

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Liste des Moulins de la Corrèze (19)
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La petite histoire du moulin à eau
Synthèse de divers textes réalisée et enrichie par Karyn Vidal et Jean Fioroni
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Quelques dates.
448 - La corporation des meuniers apparaît pour la première fois à Rome dans une inscription
???? - Apparition de meules monolithes
1050 - Premiers moulins à foulon
1815 - Apparition des meules rayonnées
1885 - Apparition des meules métalliques
1930 - Première turbine d’usage industriel


Préliminaires
Article de Jacques MÉRAND, licencié en philosophie,
© Encyclopædia Universalis 2004, tous droits réservés

L’existence du moulin à eau est attestée, peu avant l’ère chrétienne, en Syrie. Sa roue à palettes, en position horizontale dans le courant qui l’entraîne, est surmontée d’un axe vertical. Ce dernier, soumis à un mouvement de rotation, traverse une meule inférieure gisante et fait tourner la meule supérieure dont il est solidaire. Les Romains devaient adopter un moulin à eau dont le mécanisme, décrit par Vitruve, est tout différent: la roue hydraulique, disposée verticalement, tourne sur un arbre horizontal portant une roue à chevilles. Celles-ci s’engrènent sur la lanterne d’un axe vertical actionnant la meule extérieure. Le moulin hydraulique aurait été connu en Chine dès le Ve siècle.

Alimenté par aqueduc, le moulin prend une forme insolite au VIe siècle. Les Ostrogoths assiègent Rome et coupent l’eau pour affamer la ville. Bélisaire fait alors construire sur bateaux des moulins flottants dont les roues sont entraînées par le courant du Tibre.

Primitivement destiné au broyage du grain, le moulin à eau va connaître d’innombrables applications: broyage du malt, du pastel, des écorces (tan), des olives, des graines de moutarde ou d’œillette. Une innovation plus importante encore apparaît au XIe siècle. On connaissait, depuis Héron d’Alexandrie, l’emploi des cames pour transmettre le mouvement. Équipé de ce dispositif, l’arbre horizontal de la roue hydraulique transforme celle-ci en un véritable moteur industriel, le seul en usage jusqu’à l’invention de la machine à vapeur.

On signale d’abord, vers 1050, les premiers moulins à foulon. L’arbre de la roue hydraulique tourne devant une batterie de maillets, placés en position de bascule au-dessus des cuves à drap. Frappé par une came, le manche d’un maillet s’abaisse tandis que la masse est relevée; puis cette dernière, après passage de la came, retombe de tout son poids sur l’étoffe. Des moulins à chanvre fonctionneront sur le même principe à la fin du XIIe siècle. La roue hydraulique entraîne ensuite, au XIIIe siècle, des marteaux de forge. Une étape plus décisive marque, cependant, l’évolution du moulin à fer: la roue hydraulique est appliquée, au XIVe siècle, à la soufflerie, le plat supérieur du soufflet étant rabattu par une came. Ce procédé révolutionnaire permet l’essor de la métallurgie, la soufflerie mécanique ayant une grande puissance de feu. Désormais, on peut agrandir le four, qui devient un haut fourneau où le minerai de fer, totalement grillé, se transforme en fonte, ce "fer fondu" que l’on n’était pas encore parvenu à produire. La roue hydraulique actionnera, finalement, tout le gros outillage du métallurgiste: machines à forer les canons, laminoir, tréfilerie, fenderie.

La roue hydraulique est aussi le moteur du moulin à papier, de la scie mécanique, de la remonte dans les mines, de la pompe aspirante. Effectivement jusqu’à l’invention de la machine de Watt, l’industrie tout entière est mue par la roue du moulin à eau.

Bien avant le moulin à eau.
1- L’irrigation.
Une des plus anciennes utilisations de l’énergie hydraulique est celle des roues élévatrices qui permettent d’amener une partie de l’eau servant à les mouvoir jusque dans les conduits d’irrigations (exemple les norias). Le moulin à eau apparaît donc comme étant le détournement d’un mécanisme hydraulique d’irrigation.
2- La production de farine.
Depuis le néolithique l’homme cultive les céréales. Il se sédentarise et l’agriculture se développe. La farine devient alors la nourriture de base pour la confection de galettes et de bouillies. La première technique utilisée fut le concassage. Les grains sont écrasés entre deux pierres, puis en roulant une pierre ronde dans une pierre creuse. Plus tard apparaitront le pilon et le mortier.

Les premiers moulins à eau.
Découverts dans l'antiquité (la première mention du moulin à eau est faite en 18 avant J.C) les moulins à eau ont du mal à s’imposer dans une société antique où la main d'œuvre, composée d’esclaves, est abondante et gratuite. Leur lente expansion s’explique aussi par la peur des caprices de la nature (gelées, inondations qui empêchent l'utilisation du moulin), la menace d'un siège (les assiégeants peuvent couper les cours d'eau et la ville est en péril si elle ne possède pas de moulins à bras ou à sang) et enfin les déplacements des populations encore importants à cette époque. Il va falloir attendre la disparition progressive des grands systèmes esclavagistes et l'accroissement de la population des villes pour que se développent les moulins à eau. Jusqu’au IVe siècle on ne connaît que des exemples méditerranéens et gaulois. Au VIe siècle, en Europe, les moulins à eau se comptent sur les doigts de la main (Dijon, Nicet-sur Moselle et Genève). Le moulin à eau est sans doute une invention du bassin oriental de la méditerranée.

L’essor des moulins à eau.
C’est seulement au Moyen Age que l’on commence a utiliser de façon rationnelle cette source d’énergie naturelle qu’est la force motrice de l’eau. Depuis l’an 1000, sous l’effet de l’accroissement de la population on défriche les terres et l’on glisse progressivement de la culture des blés vêtus (épeautre) vers les blés non vêtus (seigle, froment) qui se prêtent mieux à la mouture. Très vite, le moulin à eau a été ressenti comme un réel progrès par le paysan puisqu’il permettait d’effectuer mécaniquement des tâches qui jadis étaient exécutées manuellement comme la transformation du grain en farine, les noix ou le chènevis en huile. Il est ainsi rapidement devenu l’un des organes fondamentaux du complexe villageois.

Jusqu’au XVIIIe siècle la majorité des moulins publics appartenaient à des seigneurs, des ordres religieux, des bourgeois aisés ou à certains établissements hospitaliers. Ils étaient baillés à rente ou à emphytéose à des meuniers professionnels, permettant ainsi aux propriétaires de se libérer des frais importants occasionnés par l’entretien de la machinerie et de ses abords. Les petits moulins des domaines quand à eux ne tournaient guère que quelques jours par an à l’usage exclusif de leur propriétaire.
Malgré une exploitation onéreuse et une activité souvent interrompue par des pannes (mécaniques, gel, sécheresse…) le moulin était un établissement rentable pour le propriétaire comme pour le locataire.

Passé le XVIIIe siècle, les paysans arrivent à produire le grain de leur pain et les moulins encore très peu nombreux sont assaillis par ces nouveaux clients.
A la Révolution, les banalités ayant disparu, les paysans indépendants n’hésitent pas à se convertir en meunier et le moindre ru devient prétexte à la construction d’une retenue d’eau.

Au XIXe siècle la concurrence entre meunier était devenue si forte que l’on n’hésitait pas, dans les cas les plus extrêmes, à saboter l’installation du concurrent. Au début de ce siècle il y avait en France plus de 75 000 moulins et usines hydrauliques fonctionnant avec des roues traditionnelles. Il en restera encore 50 000 au début du XXe siècle.

Le déclin des moulins à eau.
La fin de la première guerre mondiale voit le début de l'exode rural, et peu à peu, les meuniers disparaissent faute de successeur pour reprendre le moulin et par manque de travail. De nouvelles techniques apparaissent : les turbines se sont améliorées et affichent un rendement allant jusqu'à 70%, les cylindres se substituent aux meules, la machine à vapeur s'installe dans les minoteries... et les meuniers n'ont pas les moyens de moderniser leurs installations comme le font les grandes minoteries.
Laissés quelque-peu à l'abandon pendant l'entre deux-guerres, ils ont été utilisés à nouveau pendant la guerre de 40 et jusque dans les années cinquante.

Aujourd’hui
La plupart des moulins à eau ont été abandonnés dans les années cinquante-soixante. Très peu ont été conservés en état de marche par manque d’entretien et de rénovation. D’autres ont été transformés en maison de campagne.
Des associations se sont créées dans le but de restaurer et de conserver ces moulins abandonnés qui font partie du patrimoine français et de sa mémoire collective.

Usage des moulins à eau
Mouture - Pressage - Cardage - Foulage - ...
Les moulins furent utilisés pour toutes sortes d’activités :
Moulins à papier, qui fabriquent la pâte à papier à partir de chiffons.
Moulin à tan, associés aux tanneries qui traitent les peaux et cuirs.
Moulins-pompes pour le draînage des terres humides ou l’irrigation.
Moulins ambulants qui suivaient même les armées.
Moulins-scieries pour débiter le bois, le marbre, l’ardoise.
Moulins-martinets, pour concasser le minerai, frapper ou forger le fer.
Moulins à huile, qui écrasent les oléagineux, les noix ou les olives.
Moulins à tailler le tin ou le chanvre

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